Dans sa profonde vallée du Gijou, Vabre – chef-lieu de canton avec 1200 habitants agglomérés, aux deux tiers de confession protestante – avait de tout temps cultivé la Liberté sous l’autorité de ses consuls (jusqu’au 18ème siècle).
C’était en circuit un peu fermé car avant la voie ferrée, véritable cordon ombilical qui depuis 1905 relie Vabre à Castres, il n’y avait que la route et ses sorties par Montredon ou Ferrières, avec des cols à plus de 700 mètres, souvent bloqués par la neige.
Depuis 1820, ses ateliers artisanaux s’étaient transformés en petites industries et en 1918, l’usine « Faure Claron et Cie » – avec tissage, teinture et apprêts – donnait du travail à 65% de la population active.
Le journal de Toulouse « La Dépêche » apportait chaque jour les nouvelles mais de Vabre même, la T.S.F. était presque inaudible avec Londres ou la Suisse.
La guerre de 1939 a vu arriver les premiers évacués des frontières de l’Est mais c’est surtout la débâcle rapide et totale de 1940 qui a mis le village devant de nouvelles responsabilités. De nombreux réfugiés juifs qui étaient pour la plupart dans le métier de la confection parisienne, dont les responsables étaient en relation commerciale avec les entreprises vabraises, sont venus s’installer pour la durée de la guerre. On en a dénombré 78 qui sont tous repartis dans l’été 1944. Ils s’étaient tellement bien intégrés que certains gardaient leur carte d’identité et leurs voisins venaient retirer à la Mairie leur carte d’alimentation. A d’autres nous avons donnés de vraies fausses cartes, la plupart avec un tampon imité de Carvin dans la Pas de Calais dont toutes les archives avaient disparues pendant l’offensive allemande de mai-juin 1940.
Près de 40 vabrais étaient prisonniers de guerre, mais l’atelier de tissage aurait pu tourner normalement si la direction de « Faure Claron et Cie » n’avait refusé dès l’abord de travailler pour les troupes d’occupation. Le gros stock de matières premières a rapidement fondu et fut très faiblement remplacé, pour l’usage des civils français.
Pour avoir des renseignements sur le régiment de son fils, Louise de Rouville avait, du plateau de Saint-Pierre de Trivisy, pu écouter la radio de Londres et entendre le Général de Gaulle le 18 juin 1940. Ce qui fit d’elle une gaulliste sans faille et téméraire. Les expéditions de colis aux prisonniers, qu’elle animait comme déléguée de la Croix-Rouge, étaient l’occasion d’échanges passionnés et très anglophiles.
La Légion des Combattants, association d’anciens combattants de la 1ère guerre et de la campagne de 1939-40 qui drainait une grande part de la population masculine, réclamait une adhésion signée avec allégeance au Maréchal Pétain. Vabre n’eut pas de Section organisée et le responsable était à Lacaze petite commune du Canton. Certes le Conseil Municipal avait placé dans la grande salle de la Mairie le portrait du chef de l’État, mais il se refusa jusqu’au bout à supprimer ou à déplacer le buste de la Marianne républicaine. Les Préfets successifs en visite à Vabre avaient un sourire entendu et pour la visite du dernier, le Préfet Kuntz, un plaisantin avait même peint en rose les lèvres de la Marianne.
Faute d’organisation politique sérieuse avant la guerre, les Mouvements de Résistance qui se créaient dans les villes n’eurent pas de représentants actifs, seuls quelques voyageurs rapportaient parfois des feuilles d’information clandestines et en particulier « Témoignage Chrétien ».
Des activités destinées à la jeunesse locale s’avéraient indispensables. Elles étaient animées par le Délégué cantonal à la jeunesse qui n’était autre que Guy de Rouville. Dès l’automne 1940, il pouvait ainsi justifier ses déplacements en automobile. Jeune ingénieur E.C.P. de 1939 puis artilleur dans un régiment de 75 antichars avant d’être démobilisé, il manquait d’activités dans une usine familiale textile en chômage larvé.
Il monte alors à Castres, dans un atelier loué à un ancien de son école, la construction de gazogènes à charbon de bois, seuls véhicules autorisés à circuler en raison du manque d’essence. Trois véhicules de démonstration furent équipés : deux Viva Grand Sport Renault et le camion de l’entreprise Faure Claron. Guy de Rouville était également, comme son épouse Odile, responsable départemental puis régional des Éclaireurs Unionistes de France la branche protestante du Scoutisme Français.
Les scouts aînés ou « Routiers » devinrent le fer de lance de la future Résistance armée dans le Secteur. A chaque réunion, surtout lors des rencontres de chefs, chacun exprimait ses vues sur l’avenir par des moyens divers, plaisanteries à sous-entendus, poèmes à double sens et chansons de circonstance.
Qui a oublié la profession de foi de Carl von CLAUSEWITZ écrite en 1806 après les victoires de Napoléon sur la Prusse, et déclamée à haute et intelligible voix à la réunion des chefs protestants et catholiques pour la Saint-Georges le 23 avril 1943, dans une salle du Grand Hôtel de Castres occupé par les officiers allemands ?
Dans le village, pour les anciens, il y avait les cercles d’hommes. Mais il fallait à tout prix mobiliser l’ensemble de la jeunesse par des réunions théâtrales, des expositions et du sport. Jusque là, les élèves de l’école libre restaient en dehors des activités civiles du village, curé et bonnes sœurs s’en tenant à des activités strictement religieuses.
Chaque commune du canton eut un terrain de sport subventionné : à Vabre, les jeunes et leurs dirigeants construisirent des pistes, des terrains de basket et de volley. Il y eut dès 1942, 7 équipes de basket allant des minimes aux séniors, y compris une équipe féminine.
L’équipe fanion était tout à fait « œcuménique » : pour capitaine, le chef d’entreprise, avec le pasteur, l’instituteur laïque, l’employé des Ponts et Chaussées, etc… Le curé avait accepté d’assister aux matchs. Le camion gazogène de l’usine transportait joueurs et supporters toujours très nombreux pour suivre leurs équipes de Carmaux à Toulouse, de Rabastens à Brassac.
Une jasse, à Renne au dessus de Vabre, fut remise en état en juin 1942 et servit pendant deux années d’accueil pour rencontres, colloques et camps.
C’est là qu’en Juillet 1942, le chef de l’école des Cadres d’Uriage – le « Vieux chef » – futur commandant en 1944 de la zone A des F.F.I. du Tarn – vint, avec plusieurs équipiers, discuter avec nos jeunes de l’avenir du pays, nous parlant d’honneur, de patrie, de civisme, de courage et de solidarité.
C’est là qu’en septembre et octobre 1942, 35 jeunes juives étrangères attendirent une possibilité d’être conduites en Suisse, en passant de couvent en couvent.
C’est là qu’en mars 1943, cinq routiers protestants prirent leur « départ » après une nuit d’échanges et de prières avec le pasteur Cook et Guy de Rouville. Ils choisirent tout naturellement le chemin enneigé qui montait vers la ferme de la Courrégé, qu’ils ne quitteront qu’en juin 1944 pour faire partie de la 3ème Compagnie du maquis de Vabre.
Dans leur « maquis d’attente », le premier dans le Tarn, ils ne restèrent pas inactifs : sport et entraînement physique, travail du bois, aide aux paysans et instruction militaire de base.
Ce printemps de 1943 va transformer les attitudes des vabrais qui de passives vont devenir activement résistantes grâce à l’entrée de notre terroir dans le cadre bien structuré de la Résistance Intérieure.
Guy de Rouville avait toujours refusé aux amis de sa famille, en particulier le député du Tarn, François Reille-Soult, d’entrer dans un mouvement de Résistance dépendant d’un parti politique : Combat, Libération, F.N.. Mais il avait aussi annoncé son adhésion active lorsque l’unité des mouvements se réaliserait. Ce fut le cas avec les M.U.R., les Mouvements Unis de Résistance, et c’est à Saliès, près d’Albi, chez Charles d’Aragon (où s’était créé Combat avec Henry Fresnay) que cette unité fut scellée le 26 janvier 1943. Guy de Rouville répondit aussitôt présent et François Reille-Soult, devenu Président des M.U.R. du Tarn, lui donna la responsabilité du secteur 10 de Combat. Ce secteur correspondait à cinq cantons de la Montagne du Tarn dont Reille-Soult avait été le député : Vabre, Montredon-Labessonnié, Brassac, Lacaune et Murat.
Il y avait 12 secteurs dans le Tarn, qui deviendront Corps Francs de la Libération (C.F.L.). C’est Charles d’Aragon qui devait lui donner les directives pour cette organisation.
Mais le jour où Guy de Rouville le rencontra à l’hôtel Pujol à Albi, Charles d’Aragon lui annonça qu’il venait d’être averti par le Commissaire de Police, qu’une descente de la Milice aurait lieu chez lui, à Saliès, dans l’après-midi.
Charles d’Aragon et Odile de Rouville engagèrent les discussions pendant que Guy de Rouville et Diane d’Aragon allaient à Saliès dans la voiture gazogène de démonstration, une Viva Grand Sport décapotable jaune à cuirs rouges, tout à fait adaptée aux circonstances (!). Tout ce qui était compromettant fut caché ou brûlé, et en particulier la liste de l’organisation de la Résistance tarnaise, trouvée (seul Charles d’Aragon, absent, savait où elle était) dans un prie Dieu ! Puis le ménage Aragon fut conduit à la gare de Marsac, aprés Albi, pour filer vers la clandestinité.
Rentré à Vabre, Guy de Rouville (qui prendra par sécurité le nom de Paul Roux, puis Pol Roux), sans directives précises puisque la conversation prévue à Albi avait été bousculée, doit prévoir rapidement une stratégie. Les alliés américains sont au Maghreb, les Russes ont vaincu les allemands à Stalingrad, Tripoli a été repris par Montgomery, ce qui fait prévoir aux plus optimistes un débarquement en Méditerranée pour l’été. Des décisions simples concernant une organisation locale de résistance doivent être prises avec beaucoup d’imagination, face à une situation sans précédent et encore imprévisible.
Le débarquement allié n’a pas eu lieu en 1943 malgré nos espoirs(1), et nous aurons une année pour mettre en place l’organisation des maquis et du ravitaillement. Le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) instauré par l’occupant (en février 1943), va devenir le pourvoyeur de camouflages individuels et des maquis d’attente, c’est à dire des maquis non encore encadrés et non armés de façon efficace, si ce n’est pour une instruction militaire élémentaire. La présence pendant l’hiver 1943/44 de nombreux réfractaires dans les fermes, de quelques groupes ou maquis d’attente qu’il fallait bien ravitailler sans moyens financiers, a permis de peaufiner l’organisation. Deux événements ont fait progresser celle-ci. D’abord les contacts avec le groupe des 8 chefs éclaireurs israélites de la Malquière, près de Viane, tous gradés de l’armée et susceptibles d’encadrer les maquis à créer, d’organiser l’instruction militaire des volontaires locaux.
(1) Pour l’anecdote, Guy et Odile de Rouville prénommèrent leur fille née en 1943, C… France Victoire.
Enfin Pol Roux a eu la visite à Vabre, en avril 1944, du Commandant Sarda de Caumont, dit Rosette, Chef Régional adjoint F.F.I., au courant des projets qu’il jugeait sérieux. Il lui demande de recevoir des membres de la police de Toulouse dès le jour J. Ce fut accepté à condition qu’ils aient leur armement et leurs cadres. Voilà déjà des éléments de police du Maquis ! Quelques temps après, début mai 1944, Rosette vient demander si l’on pouvait accueillir le Délégué Militaire Régional de la 4ème région (D.M.R. 4), avec ses radios et les membres de son P.C.. Pol Roux lui proposa la maison prévue pour le P.C. du Chef de Secteur, à Bourion, au dessus de Vabre, à condition que soient fournies – au préalable – les armes pour les 150 jeunes nécessaires à la défense du P.C. et de ses émissions radios, car il y avait deux vacations par jour.
Quelques jours plus tard, arrivent par la terrasse à la maison Rouville, Rosette et le D.M.R. 4, Bernard Schlumberger, dit Droite. Par une chance inouïe et inattendue (aucun des protagonistes ne connait l’identité réelle de l’autre), il se trouve que Droite est un cousin d’Odile de Rouville et un ancien camarade d’école de Guy de Rouville. La confiance règne. Cela explique la qualité exceptionnelle des rapports entre les Maquis de Vabre, le délégué régional du Général de Gaulle et ses services : armement, chef de la section de sabotage avec matériel, renseignements, liaisons.
Mais il n’y avait toujours pas d’armes pour équiper les maquisards de Vabre !
Les relations étroites avec l’organisation officielle de la Résistance Intérieure doivent permettre d’obtenir des armes des alliés puisque l’armée de l’armistice en Novembre 1942 n’a pas donné ses armes aux Résistants, lors de sa dissolution par l’armée allemande.
Le problème à régler en premier sera celui du ravitaillement. L’hypothèse de départ est l’arrivée de 1.000 consommateurs s’ajoutant à la population locale. Mais la Montagne n’a ni huile, ni vin. Elle peut exporter sa viande mais doit conserver tout son blé, traité dans l’unique minoterie de Viane, village du canton de Lacaune, au centre du dispositif. Henry de Rouville, père de Guy, Président de la Chambre d’Agriculture du Tarn dirige aussi un Syndicat d’électrification qui a installé l’électricité-force dans chaque ferme. Il organise dès 1943, en précurseur, le battage des céréales à l’électricité avec les Services du Génie Rural et l’ingénieur Michel Rosemberg (qui en 1944 sera au Maquis sous le nom du lieutenant Michel, et mettra en route la deuxième année de battage électrique). Un autre problème non moins grave est l’interdiction d’un marché noir qui se développe chaque jour, en particulier avec la viande et les salaisons. Il ne faut en aucun cas affamer les villes, mais contrôler les échanges et par conséquent, il faut une police spécialisée (qui sera organisée avec les policiers de Toulouse).
Pour l’essentiel l’organisation interne proprement dite du secteur se précisait : ravitaillement, liaisons téléphoniques et communications, … (voir logistique).
Organisation militaire
Avant le débarquement du 6 juin 1944, Pol Roux se plaignait que les secteurs C.F.L. n’étaient nullement encadrés et que les zones prévues dans le Tarn, dont la zone A pour le Sud, n’avaient pas toutes des chefs crédibles. Après avoir contacté de nombreux officiers supérieurs résidant dans le Tarn, Pol Roux comprit qu’ils étaient d’accord pour aller en Algérie mais pas pour prendre le commandement F.F.I.. Il fallut chercher ailleurs. Ce n’est qu’en mai que l’on découvrit au château vétuste de Montredon, le Commandant Redon avec une équipe du Service Géographique de l’Armée, chargée de faire des relevés cartographiques. Le 21 mai, Pol Roux fait venir de Toulouse le chef régional des C.F.L., le Colonel Deleule (dit Berthet) et obtient l’accord du Commandant Redon pour le jour J. Il sera le chef départemental des F.F.I. du Tarn sous le nom de Durenque.
Pour la zone A (les secteurs du Tarn sud), Pol Roux souhaitait faire venir un chef qu’il admirait profondément et qu’il connaissait depuis deux ans, Pierre Dunoyer de Segonzac : le « Vieux Chef » ayant commandé l’École de Cadre d’Uriage, dont l’équipe volante que dirigeait Hubert Beuve-Méry avec Gadoffre, Domenach, Cacérès, devait arriver le jour J au petit séminaire de Pratlong pour organiser des veillées dans les unités du Maquis.
Mais Serge Ravanel, destiné à devenir le chef régional F.F.I., ne voulait pas d’un officier très connu pour avoir dirigé une École de Cadres de l’Etat vichyste. Pol Roux était bien décidé à faire venir Segonzac. Cela se révéla facile car il était de la même promotion de Saint-Cyr que Durenque et c’était donc pour eux des retrouvailles. Après un rapide passage comme adjoint de Charles d’Aragon qui pour arranger les choses accepta d’être le chef provisoire de la zone A, le commandant Dunoyer de Segonzac devint le chef incontesté de cette zone militaire, sous le nom de Commandant Hugues.
6 Juin 1944 – Jour J. Opération OVERLORD en Normandie.
C’est le jour tant attendu du débarquement en Normandie, le 6 Juin 1944, qui marquera la prise en mains du Secteur 10 par l’organisation militaire du Maquis. Les Services de l’Administration et les Conseils Municipaux seront maintenus, surveillés là où ils ne sont pas sûrs, doublés si nécessaire.
Comme prévu, dès l’annonce du débarquement, les jeunes réfractaires au S.T.O., camouflés dans les fermes, chez des parents ou dans le maquis d’attente (ils étaient 44), convergent sur Vabre et avec eux, des lycéens de Castres ou d’ailleurs, des cadres de l’armée de l’Armistice démobilisés, des volontaires de toutes origines, de tous âges, de toutes professions. Dans la seule journée du mardi 6 juin, il y aura 72 volontaires qui signeront un registre d’engagement avec date et lieu de naissance, personne à joindre en cas d’accident et spécialité.
Ces renseignements – terriblement dangereux en cas de perte du registre – ont permis depuis de faire depuis un inventaire complet par âges, origines et professions des 463 inscrits du Maquis.
Le bureau de recrutement était ouvert à l’hôtel Biau de Vabre avec l’appui du propriétaire. L’hôtel avait quatre sorties possibles en cas de danger et sera désormais l’hôtel de la Résistance. Y seront logés les chefs de la Résistance Intérieure venus à Vabre rendre visite au D.M.R. 4.
Compte tenu des activités d’instruction militaire déjà engagées dans les maquis d’attente, 3 compagnies de 150 hommes furent créées :
- La 1ère au centre du dispositif, à Lacan près d’Espérausses. Elle fournissait la police du Maquis et devait organiser de nombreuses embuscades pour maintenir une insécurité permanente.
- La 2ème Compagnie, autour de Lacaze-Viane avec la Malquière, Lacado, et La Roque, dont 80 % des cadres étaient membres des Éclaireurs Israélites de France avec leur fondateur, le Lieutenant Robert Gamzon. Elle avait pour mission l’organisation et la défense des parachutages sur le terrain de parachutage « Virgule », homologué par les services du B.C.R.A. à Londres le 4 juin.
- La 3ème Compagnie, autour de Renne et de Bourion, avait pour mission essentielle la défense du P.C. du D.M.R 4 et de ses émissions radio. Elle avait aussi en charge le terrain de parachutage « Laitue », jamais utilisé.
Enfin une section de sabotage, dirigée par Marcel Guy, ancien syndicaliste des Ets Fouga de Béziers, évadé de Saint-Sulpice en 1943 (voir récit par Marcel Guy de son arrivée au maquis), était suivie et conseillée par André Jamme, dit Castor, chef saboteur régional, installé à l’hôtel Biau en raison de graves blessures. Les sabotages de cette équipe avaient lieu bien au delà du Secteur 10, et 11.000 livres d’explosifs et de plastic 808 ont été utilisés.
Les autres Maquis sur le territoire du C.F.L. 10
Évidemment le Secteur 10 n’était pas étanche et d’autres unités s’y formèrent ou y passèrent. Mais la discipline qui y régnait et la présence d’une police motorisée ont évité tout incident grave.
Les liaisons étaient étroites avec les unités se réclamant des F.F.I. voulues par le Général de Gaulle, mais certaines n’acceptaient pas notre hiérarchie.
En mars 1943, le mouvement Combat de Béziers envoya, sans avertir le Secteur, un petit groupe de réfractaires au S.T.O., au préventorium (lieu de prévention de la tuberculose) de Martinou prés de Lacaune. Ils furent arrêtés le 6 avril, condamnés dans l’Hérault et libérés seulement le 6 novembre 1943.
A l’automne 1943, Antoine Carceller de Castres envoie des réfractaires à Sablayrolles puis à la Maresque prés de Lacaune. Ce peloton rejoindra en février 1944 le préventorium de Martinou où arriveront peu aprés « l’armée juive » de Loeb venant de Paulinet et de Saint-Jean de Jeannes. Aprés l’attaque allemande du 22 avril, ils rejoindront le C.F.M.N. dont ils formeront le 1er escadron .
Un instituteur, Robert, avait rassemblé un groupe prés du Masnau mais il préféra rejoindre les F.T.P. de l’Aveyron.
Enfin la 4203ème Compagnie de F.T.P. de Valentin était installée sur Murat sans aucune liaison suivie avec le Secteur F.F.I.
Au Pradel prés de Montredon, le commandant Lamon fut le responsable d’un centre d’instruction avec pour adjoint Camille Piraud, dit Coudert, ancien sous-officier du 3ème Régiment de Dragons de Castres qui appelait son groupe : 2ème Lanciers. Mais ce dernier quitta le secteur pour Anglès et se mit fin juillet à la disposition du Commandant de Segonzac qui garda avec lui le Lieutenant Weil, dit La Blanche, chargé alors de la liaison avec le commando américain (voir Réception du commando américain).
Le Maquis de Vabre, dès le jour J et à plus forte raison lors de la prise de commandement de Segonzac le 15 Juillet 1944, est devenu une unité combattante F.F.I. pour la Libération du Tarn d’abord, de la France ensuite. Il fut homologué par la 5ème Région Militaire, du 1er Décembre 1943 au 23 Août 1944(1) sous le nom de Maquis Pol Roux.
(1) – Pourtant, le 24 août aux Verreries de Moussan, la section Alquier-Bouffard faisait encore 26 prisonniers, avec un tué et 3 blessés parmi les allemands; la 2ème Compagnie et le commando américain parcouraient l’Aude et obtenaient un triomphe; les 2 autres Compagnies s’installaient au quartier Fayolle pour faire la police dans Castres.
Le 31 août, tous les maquisards montaient à Vabre pour la journée de la libération et le « banquet des 500 », servi par les sous-officiers et ordonnances allemands.
Les opérations militaires auxquelles il a participé sont relatées par ailleurs.