André Jamme (1917-1983)

André Jamme, alias Castor / Faucille, non inscrit au registre des maquis de Vabre. Père de deux enfants. Ouvrier mécanicien. Saboteur et instructeur de sabotage du BCRA. Compagnon de la Libération.

  • 1917 : naissance le 26 mars à Bordeaux (Gironde).
  • 1935 : ouvrier spécialisé aux usines Latécoère. Formé par la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) à Toulouse (Haute-Garonne). Devient secrétaire fédéral pour la Haute-Garonne. Influence de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse et de l’abbé Louis Gèze (futur aumônier des Maquis de Vabre). Les dirigeants de la JOC le mettent en garde à la fois contre le communisme et le nazisme (dès 1935).
  • 1936-1939 : Aide aux réfugiés chrétiens anti-franquistes, basques, prêtres, protestants. Séjour en Californie pour une démonstration sur les formes hélicoïdales dans les moteurs d’avions.
  • 1937 : service militaire dans l’armée de l’Air, 36ème bataillon de l’Air puis 23ème Escadre de bombardement comme personnel au sol.
  • 1939-1940 : mobilisé, sergent mécanicien puis mitrailleur breveté. Son escadre est repliée en Afrique du Nord en juin 1940, Alger puis Marrakech. Revient en France par Marseille puis Toulouse.
  • 1940 : employé comme contremaître dans une entreprise de chaudronnerie.
  • 1941 : entrée en Résistance dans le mouvement “Libérer-Fédérer”.
  • Mars-août 1943 : quitte la France via l’Espagne. Arrêté et interné par les autorités espagnoles.
  • Août 1943 : rejoint l’Angleterre par Gibraltar. Entre au Bureau central de renseignement et d’action (BCRA) comme maître-ouvrier de l’armée de l’Air, formation de saboteur.
  • Janvier 1944 : parachuté sur le terrain “Chénier” (Lot) le 28 janvier. Chargé de mettre en place un réseau de transmissions et de renseignements pour la Section des atterrissages et parachutages pour la région de Toulouse (R4). Sa mère Julienne Jamme figure parmi les recrues comme agente de liaison et agit sous le nom de Sultane XII.
  • Mars 1944 : surpris par la Gestapo dans un café à Toulouse, abat quatre agents de la Gestapo et parvient à s’enfuir. Blessé à l’abdomen, à la tête et au bras. Opéré clandestinement à Toulouse.
  • Avril 1944 : crée une école de sabotage dans le Gers.
  • Mai-juin 1944 : sabotages en lien avec le Débarquement de Normandie, notamment 42 locomotives à Decazeville (Aveyron) et à Toulouse un pont tournant et 14 locomotives, pour un total de 1 200 wagons immobilisés. Missions d’instruction dans les maquis. Rejoint Vabre avec le DMR Bernard Schlumberger après avoir transbordé en autobus un groupe de volontaires policiers de Toulouse. Installé à l’Hôtel Biau, y forme l’équipe de sabotage du CFL 10 et son chef d’équipe Marcel Guy. Participe aux actions malgré ses blessures au ventre.
  • Août 1944 : repart pour Toulouse, blessé à nouveau à la poitrine et au bras lors des combats de la Libération. Opéré à Toulouse.
  • Octobre 1944 : instructeur militaire à Bordeaux.
  • Novembre 1944 : nommé Compagnon de la Libération.
  • Décembre 1944 : envoyé en soins à Londres.
  • Août 1945 : affecté à la Direction générale des études et recherches à Paris.
  • 1983 : décès le 17 juillet à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Compagnon de la Libération. Chevalier de la Légion d’Honneur. Croix de Guerre 1939-1945. King’s Medal for Courage.

Cité dans le livre “Le Chargeur n’a que vingt balles”, pages 60, 61, 63, 70, 88, 89, 208.

Sources : Amicale des maquis de Vabre, Ordre de la Libération, livre de Paul Jamme Histoire d’un instructeur saboteur, compagnon de la Libération.

… magnifique exemple de jeunesse française pleine de bravoure et de patriotisme…

Extrait de citation

[…] Je me souviens qu’avec une de vos équipes nous avons isolé un train blindé en gare d’Albi. […] vos jeunes avaient une terrible foulée […] ils ne se rendaient pas compte qu’avec mon ventre encore saignant ils m’avaient fait durement serrer les dents pour tenir la cadence […] nous avons employé onze mille livres d’explosifs pour votre secteur […]

Lettre d’André Jamme à Pol Roux (1964)

[…] qui sont donc les saboteurs ? Ce sont des spécialistes aux multiples connaissances. Avec un Rilog d’explosifs spéciaux judicieusement utilisés ils remplacent dix bombardiers, donc dix équipages. Les bombardiers […] ne sauraient épargner des pâtés d’immeubles […] des kilos d’explosifs permettent un travail précis, épargnant ainsi la vie de centaines de personnes et par la même, le patrimoine humain de la nation. […]

Récit d’André Jamme (1980) transmis par son fils Paul en 1999

Poème de Julienne Jamme

Poème de Mme Augustine Julienne JAMME, alias Sultan XII, agent de liaison du DMR 4, transmis à O. et G. de Rouville par J. Picard alias Sultan, D.M.R. 3, avec la note suivante : “A été écrit par la mère d’André Jamme, compagnon de la Libération, alors que son fils venait d’être gravement blessé par une patrouille allemande du centre de Toulouse“.

Poème de Julienne Jamme
O Vous rendez-vous obscurs où parfois mourait une âme
Porteuse de messages mystérieux que je ne connais pas
Oh ! souffrance tragique d'un pauvre cœur de femme qui pleurait tout bas.
Mes souvenirs tracés sur des pages jaunies par le temps et les larmes
A demi-effacés par les lèvres et les pleurs;
Ont vécu tant d'espoir et vibré tant d'alarmes,
D'une vie brisée les rêves et les rancœurs.
De ces humbles feuillets pieusement je vénère,
Les souvenirs défunts d'un tragique passé,
Où flottent encore des images très chères.
Quelles sanglantes passions ont inspiré ces massacres
De ces pauvres malheureux qui gisent dans leur cercueil
Où naissent encore de fugitifs mirages;
Secouant tout à coup les cendres de leur deuil.
Ah ! la plainte éperdue d'un soir de souffrance
De ce passé si cher dont il ne reste plus rien,
Qu'un cœur blessé et un peu d'espérance,
Et l'ombre d'un bonheur de plus en plus lointain.
J'ai sangloté dans une nuit impossible,
Écrasant ma douleur, assise sur un banc
Appelant le miracle et voulant l'impossible,
Arrêter les aiguilles de l'horloge du temps.
Et puis, le jour blafard a chassé la chimère
Le cœur fatigué a songé : "A quoi bon ?"
Puisqu'on ne peut revenir en arrière,
Ni effacer l'empreinte amère du pardon.
Personne ne lira la clameur de détresse
De ce passé héroïque, qui ne veut pas périr;
Et nul ne connaîtra la profonde tristesse
Des derniers instants de ces martyrs.
"Gens de la lune", papiers et souvenirs sont à leur place
Dans un tiroir ou une boîte bleue.
Et puis, un jour, la mort effacera la trace
Une main inconnue les jettera au feu.
La vie reprendra gaiement, indifférente;
Mais pour d'autres cœurs brisés sonneront d'autres glas,
D'autres officiers de liaison porteront au sein d'une tourmente
Des messages que l'on porte mais qu'on ne connaît pas.  

                          Julienne JAMME
                          Sultan 12 S.A.P.R. 4 

L’extrait de généalogie ci-dessous a été donné à l’Amicale par Paul Jamme, fils d’André Jamme, après la mort de son père. Odile de Rouville y a ajouté quelques détails provenant des Archives Nationales.

Généalogie Jamme