Femme du “Préfet du Maquis” et maquisarde à domicile
“Journal de marche” c’est beaucoup dire, je faisais plutôt du surplace, plantée derrière la porte de notre maison qui, pas plus qu’avant le 6 juin 1944 qu’après cette date clef du débarquement en Normandie n’arborait de signe distinctif de “Préfecture du maquis”. C’était seulement une maison bourgeoise accrochée aux pentes escarpées d’un bourg provincial : “The house of a well-to-do country gentleman” dixit notre anglais parachuté sur Virgule; “nicht communist, nicht terrorist” selon l’officier allemand qui n’a pas jugé nécessaire de la brûler. Somme toute, j’étais une portière-sentinelle, chargée de trier les “bons” et les “mauvais” qui, de jour comme de nuit, risquaient de sonner à la porte, réclamant sans distinction soit Guy de Rouville, soit Pol Roux. Tâche que je partageais avec ma belle-mère Louise qui assumait surtout l’intendance des repas dans une maison continuellement bourrée de suspects de passage. […]
Journal de marche de la femme du Préfet [du Maquis]
Surtout à partir du 6 juin, il ne fallait compter ni sur le “Préfet du maquis”, ni sur son père. Les ordres de Londres étaient formels : en cas d’alerte, tous les maquisards et suspects devaient “riper” dans la montagne tant que notre armement ne serait pas suffisant pour répliquer efficacement. Nous, les femmes, nous nous retrouvions en première ligne avec quelques hommes âgés et les enfants.
Odile de Rouville est l’auteur, début 1945, d’un recueil sur les Maquis de Vabre, disponible en version numérique sur ce site, depuis cette page.
Depuis, elle a grandement contribué au tri, classement, repérage, … des archives de l’Amicale des Maquis de Vabre, qui aboutirent notamment au livre publié par l’Amicale en 1995 et 1999. En ce début du 21ème siècle, âgée de plus de 80 ans, elle a poursuivi inlassablement son travail d’archiviste “improvisée”, de traductrice et de témoin/rédactrice, pour l’élaboration du présent site Web.
En 2007, avec l’aide technique d’un petit-fils, elle a ouvert un blog personnel : Le petit monde d’Odile de Rouville.
Anecdote
Au sortir de la guerre, très marquée par les restrictions alimentaires, Odile constitua (en plus des bougies) un stock de 100 kilos de sucre en morceaux, qu’elle stocka dans son grenier à Vabre, jusqu’à les y oublier. C’est en 1974, lors de la crise spéculative qui priva presque la France de sucre, qu’elle s’en souvint, envoyant un petit-fils en exploration dans le grenier. La malle était toujours là et le sucre, bien emballé, intact.
Les confitures de l’été 1974 furent donc élaborées sans aucunes restrictions…