1943-1944 : naissance et organisation des maquis

Les maquis de Vabre ne sont pas officiellement issus de réseaux de résistance connus tels que Combat, Libération, O.R.A., F.T.P. ou autres. Toutefois, en lien avec des hauts-cadres de Combat, les futurs chefs du maquis vabrais ont rallié les Mouvements unis de la Résistance dès janvier 1943.

Ils sont nés sur place, au sein d’une population montagnarde stable mais accueillante depuis des siècles aux victimes des guerres, des persécutions politiques et religieuses (pas de juifs autochtones, mais ils sont présent dans la filière professionnelle des usines textiles).

Ils ont bénéficié de l’existence dans les administrations et les services sociaux, dans les paroisses, les usines et les commerces, de responsables locaux entraînés à agir selon leur conscience personnelle et à vivre, si nécessaire, en autarcie.

Ont aussi facilité la création et l’organisation des maquis du C.F.L. 10 :

  1. L’ancienneté et la vitalité des mouvements de jeunesse issus du protestantisme, en particulier du scoutisme. Les premiers maquis se sont constitués grâce à des camps scouts.
  2. L’existence d’un chemin de fer à voie unique reliant Castres aux bourgs de la montagne. La complicité du personnel (chefs de gare et conducteurs) dans la protection des suspects empruntant le train (juifs, résistants recherchés, réfractaires au S.T.O., …) a été totale.
  3. L’absence de « Kommandantur » allemande sur le secteur du C.F.L. 10 (5 chefs-lieux de canton, 38 communes)
  4. La complicité secrètement acquise des gendarmes du secteur après qu’ils aient été contraints, lors d’une rafle de juifs à Lacaune en août 1942, de séparer les mères et les enfants.

Résumé chronologique de l’organisation

Juillet à décembre 1940

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Acteurs

  • Fausses cartes d’identité pour clients juifs du textile parisien.
  • Refus d’une section locale d’une « Légion des Combattants » : Objections de conscience républicaine et religieuse.
  • Refus des patrons d’usine de travailler pour les allemands contre contingent de matières premières.
  • Mesures paroissiales contre le risque de « Jeunesse d’état ».
  • Guy de Rouville / Pol Roux, Ingénieur et Fabricant de gazogène. Aidé de son père Henry (Chambre d’Agriculture) et de sa mère Louise (Croix-Rouge)
  • Robert Cook, pasteur de Vabre et responsable départemental des scouts protestants (Eclaireurs Unionistes).
  • Henri Combes / Campagne, directeur d’usine textile, adjoint au maire de Vabre, capitaine-instructeur de réserve, ancien combattant de la guerre 14-18.

Janvier à novembre 1942

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Acteurs

  • Création d’équipes sportives locales, camping scout, maisons des jeunes travailleurs.
  • Colis pour prisonniers de guerre et internés en France.
  • Levée de boucliers des chefs scouts, unions chrétiennes et action catholique après le retour de Laval, Darlan et Abel Bonnard.
  • Logement de familles juives et fausses cartes à la mairie.
  • Venue de Segonzac pour une réunion des cadres d’Uriage.
  • Ralliement des gendarmes après une raffle de juifs étrangers à Lacaune. Aide active pour camoufler 35 juives adolescentes.

  • Guy de Rouville / Pol Roux est délégué cantonal à la jeunesse et aux sports (permis officiel de circuler) et responsable départemental des scouts ainés (routiers) protestants. Sa femme Odile est responsable des plus jeunes (louveteaux).

1943

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Acteurs

  • Mobilisation contre le S.T.O. : aide aux réfractaires locaux puis aux réfractaires cherchant refuge.
  • Aide de la municipalité, des gendarmes, des employés du chemin de fer départemental.
  • Réticences chez les prêtres de paroisse (devoir d’obéissance à l’état) à l’exception de l’abbé Cugnasse, petit-séminaire de Pratlong.
  • Maquis d’attente du scoutisme protestant (en janvier) et juif (en novembre).
  • Guy de Rouville / Pol Roux prend contact avec le mouvement Combat (Charles d’Aragon) mais refuse d’engager ses futurs maquisards avant l’organisation effective des M.U.R..
  • Segonzac, après un aller-retour clandestin à Alger, passe à Vabre pour prévoir un éventuel refuge-tremplin pour ses équipes d’Uriage dispersées par la gestapo.

Hiver 1943-44

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Acteurs

  • Vaine recherche d’officiers de carrière tarnais qui accepteraient le moment venu le commandement militaire F.F.I. du département.
  • L’ancien député démocrate-populaire Reille-Soult monte le projet MUR de secteurs Corps-Francs de la Libération.
  • Guy de Rouville prend en charge le secteur montagnard n° 10.

Mars à mai 1944 (avant 6 juin 1944)

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Acteurs

  • Contact avec le Commandant Sarda de Caumont (Rosette), F.F.I. Toulouse, Réseau Action R4 (B.C.R.A.), pour éventuel P.C. à Vabre du D.M.R. et de ses services radio et sabotage.
  • Accord ferme dès l’arrivée du D.M.R Droite parachuté (mars) de Londres pour remplacer Carré envoyé à Lyon.
  • Contacts puis accord régional pour le commandement départemental du Tarn : Commandant Redon (Durenque), services géographiques de l’armée. Accord avec Pol Roux pour P.C. sur le secteur C.F.L. 10.

Juin à août 1944 (après 6 juin 1944)

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Acteurs

  • 6 juin : Mesures de libération mises en place. Aucun changement dans l’autorité municipale des 36 communes du secteur. Vabre, au centre, est « Préfecture du maquis ».
  • Organisation militaire : registre d’engagement des volontaires, répartition par petits groupes.
  • P.C. du D.M.R. et de ses services au dessus de Vabre.
  • Émissions radio, parachutages sur « Virgule ».
  • Organisation locales : ravitaillement, sécurité, Crois-Rouge, aumôneries protestantes et catholiques.
  • Opérations militaires.