Pierre Dunoyer de Segonzac, alias Commandant Hugues, non inscrit au registre des maquis de Vabre. Officier d’active, directeur de l’École des cadres d’Uriage. Chef FFI de la zone A, sud du Tarn.
Officier d’active, St Cyr 1924-1926 puis Saumur
- 1906 : naissance le 10 mars à Toulon (Var).
- 1916 : naissance de son frère Jean.
- 1924-1926 : élève officier à Saint-Cyr puis Saumur.
- 1939-1940 : capitaine, se bat en Flandres avec son escadron de chars. Est envoyé en liaison au PC du colonel Charles de Gaulle. Chevalier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel. Après l’armistice, demande son congé. Crée et dirige l’École Nationale des Cadres d’Uriage (4.000 stagiaires en deux ans).
- Printemps et été 1942 : rencontre Guy et Odile de Rouville, cousine de son adjoint Pierre Hoepffner, au mariage de ce dernier. Vient à Vabre pour un camp d’été de l’École d’Uriage.
- 15 décembre 1942 : révoqué par Vichy. L’école d’Uriage est fermée.
- 1943 : clandestinité, création des « Équipes Volantes » pour l’instruction civique dans les maquis avec les anciens équipiers d’Uriage.
- 1943-1944 : reprise de contact avec la Résistance. Voit Chaban-Delmas, Bourgès-Maunoury, Lorrain-Cruse… La Gestapo décime les rangs.
- Janvier 1944 : part en mission à Alger. Rencontre le général de Gaulle et le général Giraud, choisit de soutenir Charles de Gaulle. Revient en France, en sous-marin jusqu’à Barcelone. À Castelnaudary, est pris en charge par Guy de Rouville et son gazogène. Projets d’avenir pour le Jour J. Repart à Paris.
- Juin 1944 : arrive à Vabre. Fausse identité civile : Monsieur Bonifas de Vabre. Identité militaire : Commandant Hugues, responsable militaire de la zone A (sud du Tarn) avec le concours de Charles d’Aragon.
- 19-21 août 1944 : dirige la bataille du train Mazamet-Castres à Labruguière. Libération de Castres.
- Septembre 1944 : forme le Corps Franc Bayard, plus tard 12ème Dragons (avec les 240 volontaires de Vabre).
- Octobre 1944 – mai 1945 : jonction avec la Première Armée, les Vosges, traversée du Rhin au printemps, lac de Constance, armistice, occupation. Rosette de la Légion d’Honneur remise par le Général de Lattre de Tassigny.
- 18 juin 1945 : défilé sous l’Arc de Triomphe à Paris à la tête de ses volontaires dont les maquisards de Vabre. Plus tard : général de brigade, Commandeur de la Légion d’ Honneur, directeur du service de formation des jeunes en Algérie, directeur de l’action sociale des armées…
- 1959 : nommé général de brigade.
- 1964 : allocution à Vabre pour le 20ème anniversaire du maquis.
- 13 mars 1968 : meurt à l’hôpital militaire du Val de Grâce à Paris.
Médaille de la Résistance, Légion d’honneur.
Homologué FFI, dossier disponible sur demande.
Cité dans le livre « Le Chargeur n’a que vingt balles », pages 14, 51, 52, 53, 56, 58, 59, 60, 62, 74, 75, 77, 79, 81, 93, 99, 110, 117, 142, 147, 150, 153, 160, 205, 206.
- Pierre Dunoyer de Segonzac : « Dans ce mouvement parti de Vabre il y a eu, à mon sens, trois faits marquants. Premièrement, une grande pureté, les garçons qui étaient là combattaient vraiment dans un esprit de total désintéressement matériel. Ensuite il y a eu une conjonction extraordinaire, un amalgame de toutes les appartenances : à toutes les confessions religieuses et ça n’est pas si fréquent ; à toutes les origines sociales, du vieil officier de cavalerie traditionaliste jusqu’au jeune révolutionnaire, du châtelain campagnard jusqu’à l’homme des villes. Cette réunion exceptionnelle aboutissait à une unité, une synthèse comme on en voit rarement. Enfin, le dernier trait qui m’a paru extraordinaire, c’est que ces jeunes gens combattaient réellement pour un idéal. Cette volonté de servir non seulement la vie humaine mais la dignité de l’homme les transfigurait et les ennoblissait. Pour cet idéal, sans tapage, et parfois très obscurément, plusieurs d’entre eux ont donné leur vie. Et c’est ce village de montagne, humble petit village peut être, qui recelait pour une fois toutes ces qualité françaises qui nous donnaient alors tant d’espoir. »
- Odile de Rouville : « En 1944, nous avons reçu Segonzac qui avait fait un aller-retour clandestin à Alger après la brutale fermeture de l’école d’Uriage. Il nous a dit : “Il faut suivre le général de Gaulle, c’est le seul qui ait une ligne de conduite droite et qui s’y tiennent.” J’étais d’autant plus disposée à le croire qu’il avait été, comme moi et beaucoup d’autres, plutôt partisan du général Giraud. Pour les résistants de France, des conflits de chefs à Alger étaient difficiles à admettre. Guy a dit à Segonzac qu’en cas de nécessité il pourrait trouver abri et se rendre utile dans nos montagnes. La liaison se ferait assez facilement grâce à l’équipier Pierre Hoepffner, un alsacien qui était aussi mon cousin. En ce début de 1944, au moment où les MUR du Tarn rassemblaient leurs forces politiques et où les secteurs de résistance s’organisaient, je voyais bien que mon mari et mon beau-père s’inquiétaient grandement de l’absence d’un chef militaire pour le département. Ils multipliaient les démarches discrètes chez les officiers d’active originaires du pays, mais tous se récusaient, préférant attendre. »
Sources : Amicale des maquis de Vabre, Service historique de la Défense, Ordre de la Libération, livre autobiographique Le Vieux Chef, archives familiales, Insee.
Commandant Dunoyer de Segonzac (nom de guerre Hugues) : un très beau soldat, un des commandants de Durenque et celui qui a dirigé les meilleures opérations militaires dans le Tarn, capturant à peu près 4.000 prisonniers et un train chargé d’armes et de munitions. Il appartient à une famille aristocratique et est suspect à la gauche. Cette suspicion est injuste car, bien que de droite, il n’est absolument pas extrémiste. Il a commandé l’Ecole des cadres d’Uriage les Bains qui a été abolie par les allemands au moment de l’occupation totale de la France.
Carnet de bord du Major Davies. Extraits de « Mission to the Tarn » – traduction OdR.