Commandos alliés parachutés sur Virgule

L’histoire des Maquis de Vabre est particulière en plusieurs points. L’un d’eux est l’existence, sur le secteur du CFL 10 administré par l’état major des Maquis de Vabre, d’un terrain de parachutage homologué par les forces alliées. Ce terrain nommé « Virgule » a pris le relais du terrain « Chénier » compromis à partir de juin 1944 et a accueilli plusieurs agents américains et britanniques, en plus d’une importante quantité de matériel, d’argent, de nourriture et d’autres biens plus insolites. Plus de 80 ans après ces parachutages immortalisés par une stèle sur le lieu du terrain, nous vous proposons d’en apprendre davantage sur l’histoire des hommes tombés du ciel, de la chouette au merle blanc.

Le nombre d’opérations organisées est d’au moins sept, selon un cumul à consolider. En plus des dizaines de containers et paquets, 22 agents américains, français et britanniques ont été parachutés.

Retrouvez ci-dessous le détail de chaque parachutage ainsi que les liens vers les biographies des hommes parachutés de juin à août 1944, alors que se profilait la Libération du Tarn, puis de la France.

Parachutage du 25 juin 1944

Premier parachutage sur « Virgule », celui du 25 juin 1944 voit trois avions Halifax britanniques survoler la montagne du Tarn pour y larguer 45 containers et huit paquets.

Parachutage du 12 juillet 1944

Parti de Blida en fin de soirée le 11, ce voyage est celui d’un avion solitaire qui parachute 18 containers et six paquets au petit matin du 12 juillet.

Parachutage du 18 juillet 1944

Comme le 12 juillet, un seul avion vole vers le Tarn le 18 juillet. Ce Halifax contient quinze containers, douze paquets et deux hommes, deux agents du Bureau central de renseignement et d’action.

  • Raymond ANTOINET
  • Sauveur CECCALDI

Parachutage du 30 juillet 1944

Un seul avion atteint les montagnes tarnaises, avec quatorze containers, dix paquets et un homme. C’est un opérateur radio qui doit assurer la liaison radio entre le DMR Bernard Schlumberger et Alger.

  • Gilbert DE CECCO, opérateur radio

Parachutage du 7 août 1944

Avant cet ultime parachutage réussi sur « Virgule », la radio anglaise annonçait un message particulier : « De la chouette au merle blanc, quinze amis vous diront ce soir que le chargeur n’a que vingt balles. » Le code annonce le largage de quinze personnes. Parti de Blida en Algérie, le commando comporte quinze soldats de l’OSS, pour Office of Strategic Services, l’ancêtre de la CIA. Ce commando a pour mission d’harceler l’ennemi et de couper ses lignes de communications dans le triangle entre Toulouse (Haute-Garonne), Bédarieux (Hérault) et Séverac (Aveyron), tout en aidant la Résistance.

  • Conrad E. LAGUEUX, lieutenant francophone du commando
  • Michael A. DE MARCO, lieutenant hispanophone
  • Joseph L. VEZINA
  • Robert M. ESQUENAZI, blessé lors de l’atterrissage
  • Bernard GAUTIER, tué au combat le 12 août 1944
  • Augustus C. KITCHEN
  • Roland E. COTE
  • Herbert SHAPIRO
  • Harold BERGER
  • James FISCHER
  • Marcel LANDRY
  • George H. MADDOCK
  • Raymond PICARD
  • Vincent QUERCIA
  • Robert SPAUR, tué au combat le 12 août 1944

Parachutage du 8 août 1944

L’opération sur « Virgule » a été l’avant-dernière et la plus sanglante de toutes. Un Halifax quitte Blida avec quinze containers d’armement lourd, faisant cruellement défaut aux maquisards, ainsi que cinq paquets et quatre agents. Trois sont Français, l’autre Anglais. Les hommes atterrissent et sont récupérés par les maquisards, mais ces derniers et « Virgule » sont attaqués dans la plus puissante offensive allemande contre les positions des maquis vabrais. La totalité du matériel largué est perdue, mais surtout sept résistants sont tués : Gilbert Bloch, Roger Gotschaux, Idelfino Cavaliere, Rodolphe Horwitz, Gabriel Sicard, Henri Bernard, Lucien Célestin. Ils avaient entre 18 et 24 ans.

  • Marcel PLAGNE, agent du BCRA
  • Jacques DUPRÉ, agent du BCRA
  • André GASCHET, agent du BCRA
  • Monröe DAVIES, agent du Secret Intelligence Service

Parachutage du 18 août 1944

Pour la toute dernière fois, une opération aérienne a lieu et se conclut par un échec. Entre les combats du 8 août et cet ultime survol, le Délégué militaire régional et le responsable de la Section des atterrissages et parachutages pour la région avaient demandé en vain la modification de la phrase d’annonce des opérations ainsi qu’une modification du terrain d’atterrissage. « Virgule » était « brûlé ».

Sources : Amicale des Maquis de Vabre, Musée de la Résistance en ligne, Archives nationales britanniques.