Johann Muller (1923-???)

Johann Muller, alias Hans, numéro 59 au registre des Maquis de Vabre. Soudeur électricien. Caporal de l’armée allemande (Wehrmacht ou SS).

  • 1923 : naissance le 22 juillet à Neukirchen ou Neroth (Allemagne).
  • Mai 1944 : désertion de l’armée allemande, interrogatoire à Vabre.
  • 6 juin 1944 : montée au maquis.
  • Août 1944 : démobilisation.

Non homologué FFI.

Cité dans le livre « Le Chargeur n’a que vingt balles », pages 81, 98, 138, 139, 203.

  • Adrien Gensburger : « À une date, dont il est difficile de me rappeler, mais certainement après le débarquement, je reçus la visite du capitaine Honcourt, adjoint du commandant du secteur. Il me fit part de l’arrivée au PC de Vabre de trois soldats déserteurs de la division SS Das Reich, encore basée dans la région de Toulouse (division qui fit tant de mal au cours de son repli à Tulle et Oradour). Honcourt me demanda, ne sachant trop qu’en faire, de prendre ces trois hommes dans mon groupe. Je me révoltais, en disant qu’il était impensable d’introduire le loup dans la bergerie. Ces trois Waffen SS, venant de Russie, y avaient peut-être commis les pires exactions ! Mais Honcourt sut être persuasif. Moi et d’autres camarades possédions la langue allemande et mon groupe était exemplaire. Je me laissais donc convaincre et j’avoue que je n’eus pas à m’en repentir. Tous les trois, venant de Russie, étaient des soldats aguerris par la machine de guerre nazie, formés pour la lutte contre les partisans russes. Hans était d’origine sarroise, un chauffeur-mécanicien de tout premier ordre, Oscar était un roumain d’origine allemande et le troisième un Suisse qui avait eu maille à partir avec la police et la douane de son pays. Après le débarquement j’avais perçu au titre de la réquisition, une grosse moto, une Simca 5 et un camion gazogène. Je n’avais moi-même enfourché qu’une bicyclette et conduit des animaux de labour ou de selle. Grâce à Oscar le roumain j’appris très rapidement à utiliser la moto sur la route du Masnau. Quant à Hans, le Sarrois, il conduisit et entretint le gazogène d’une manière exemplaire. La plupart de nos garçons n’avait aucune expérience militaire. J’organisais à leur intention des exercices de tir sur cible, de lancement de grenades, de combat, d’embuscades. Dans tous les cas les trois déserteurs SS furent d’excellents moniteurs. Avec eux j’organisais une cache pour l’excédent de munitions provenant des parachutages. Au cours du mois de juillet les trois anciens Waffen SS quittèrent Lacado. Hans servit comme chauffeur au PC de Vabre. C’est ainsi que pendant une opération de reconnaissance, celle au cours de laquelle le lieutenant Chevallier trouva la mort, il fut fait prisonnier par une troupe allemande. »
  • Adrien Gensburger : « Au cours de l’attaque allemande du 8 août contre notre maquis, Hans aurait été vu sur l’engin blindé de tête. De là à en déduire sa félonie il n’y avait qu’un pas. Aussi, lorsque quelques heures plus tard, à la surprise de tout le monde, il réapparut à Vabre, le commandement accepta de livrer à la compagnie Marc Haguenau, afin que justice soit rendue. »
  • Etienne Weill : Après ces événements [du 8 août 1944] qui nous ont beaucoup éprouvés, nous nous sommes repliés vers Papoulet. C’est alors qu’eut lieu l’épisode dramatique du jugement de Hans, l’allemand soupçonné d’avoir trahi le maquis. Lagnès rassembla les gars de Laroque (ceux de Lacado aussi je crois) dans un petit bois pour nous tenir au courant de l’affaire et voir si nous étions prêts, éventuellement, à fusiller Hans. Je me souviens de l’atmosphère tendue et comment Lagnès nous fit prendre conscience de la responsabilité que nous prenions et comment, finalement, devant le manque de preuves il fut décidé d’y renoncer. Nous éprouvions des sentiments très mélangés et jusqu’à aujourd’hui je ne cesse de me poser des questions sur le passé très trouble de ce SS, qui a servi à Treblinka, dans cet enfer où il n’était pas question de justice.
  • Odile de Rouville : « L’histoire de Hans n’était pas finie pour nous. Nous l’avons gardé jusqu’au jour où nous l’avons rendu à Armagnac qui en a fait son chauffeur dans Albi libéré. Nous ne savons pas ce qu’il est devenu ensuite, mais son nom, à côté de ceux de ses deux camarades SS déserteurs, figure toujours sur notre registre du maquis. »

Sources : Amicale des Maquis de Vabre.