Robert Cook (1907-2003)

Robert Cook, pasteur de Vabre non inscrit au registre du maquis. Marié, deux enfants.

  • 1907 : naissance le 7 avril à Neufchâtel (Suisse).
  • Avant la guerre : études de théologie à Paris. A la Faculté, rencontre marquante avec le Professeur Karl Barth, théologien expulsé d’Allemagne par Hitler pour sa vigoureuse opposition à l’organisation nationaliste autoritaire des « Chrétiens Allemands ». Mot d’ordre de Karl Barth : « Les nazis, ne les acceptez jamais. » Devient pasteur dans la Montagne du Tarn, d’abord à Lacaze et St-Pierre de Trivisy, puis à Vabre. Épouse Jacqueline Marchand, fille du pasteur de Castres. Ils auront deux filles et un fils. Responsable Éclaireurs Unionistes et membre du Conseil Protestant de la Jeunesse.
  • 1939 : mobilisé dans les chasseurs alpins sur le front italien.
  • 1940 : démobilisé sans s’être battu. Tente de passer en Angleterre. Ne décoléra pas contre la défaite et contre Vichy. Refuse d’entrer à la Légion des Combattants : « J’ai promis d’être fidèle à Jésus-Christ, je ne vais pas promettre d’être fidèle au maréchal Pétain. » Entame une action résistante « locale et efficace ».
  • Septembre 1940 : réorganise les mouvements de jeunesse locaux (scoutisme et Union Chrétiennes) pour éviter l’embrigadement possible dans des mouvements « Vichystes ». Très sportif, fait partie du Club Athlétique Vabrais, organisé par Guy de Rouville.
  • Septembre 1942 : participe au sauvetage de 35 adolescentes allemandes de confession juive.
  • 1er mars 1943 : soutien à la création des premiers maquis. En liaison avec la municipalité et la gendarmerie, prend une part essentielle à l’accueil et à l’installation des réfugiés, juifs ou non, et à l’organisation des maquis d’attente (La Courrégée). « Il a été un des principaux artisans tant par son action morale auprès des hommes du maquis que par le camouflage de réfractaires et de Juifs recherchés. »
  • Juin 1944 : Demande à être inscrit sur le registre du C.F.L. 10 comme aumônier, sous son vrai nom et en restant chez lui avec sa femme et ses enfants.
  • 29 juillet 1944 : organise le mariage civil et religieux du maquisard Louis Cèbe, réfractaire et clandestin depuis le début de 1943.
  • Septembre 1944 : aumônier incorporé au 12ème régiment de Dragons.
  • Octobre 1944 : blessé par des éclats d’obus à l’omoplate gauche, au bras droit et à la cuisse gauche.
  • Août 1945 : démobilisation.
  • 12 septembre 2003 : décède à Montpellier.

Juste parmi les Nations, Médaille de la Résistance.

Homologué FFI, dossier disponible sur demande.

Cité dans le livre « Le Chargeur n’a que vingt balles », pages 9, 12, 18, 19, 20, 23, 24, 32, 44, 51, 53, 73, 76, 93, 109, 125, 203, 206, 209, 211.

  • André Combes : « C’est tout naturellement que je me suis engagé secrètement dans la Résistance. Je dois dire que dès mon jeune âge j’ai été fort bien influencé par de fortes personnalités. J’ai eu la chance de bénéficier de l’enseignement d’un instituteur remarquable, d’avoir aussi une mère exceptionnellement courageuse, restée veuve jeune avec trois enfants à charge, dont j’étais l’aîné considéré comme soutien de famille. Et, de plus, d’être en relation étroite avec mes deux pasteurs que j’aimais beaucoup : Robert Cook à Vabre et Marcel Ducommun à Lacaze. C’est ce dernier qui m’a fait rencontrer Melle Mette Armengaud, institutrice à Saint-Pierre de Combejac, engagée dans la Résistance dès la première heure. Dès la parution des lois antijuives de Vichy, sont arrivés à Saint-Pierre de Trivisy des familles juives et des personnes isolées. Plusieurs d’entre elles envoyées par le pasteur Cook, soit par d’autres filières. Il fallait les mettre en sécurité et trouver des lieux d’hébergement sûrs. »
  • Georges Austry : « Le souvenir de cette bergerie, la jasse de la Courrégée, reste présent dans ma mémoire comme, sans aucun doute, dans celle de mes camarades avec qui j’y ai passé l’hiver 43-44. Située au pied d’un grand hêtre, à mi-pente au-dessus de la vallée du Berlou, elle surplombait la ferme de la Courrégée mais restait invisible derrière un massif de buis. Le souvenir de cette jasse est indissociable de celui des habitants des fermes voisines dont plusieurs étaient les paroissiens du pasteur de Vabre Robert Cook grâce à qui de nombreux israélites ont trouvé refuge dans la région de Vabre. Tous ont accepté notre présence et nous ont toujours aidés sans restriction en sachant le risque que nous leur faisions courir. J’ai connu l’existence de cette jasse au cours de l’été 1943. Quatre éclaireurs routiers de Castres, Jacques et Louis Cèbe, René et Edgar Fuchs l’avaient choisie parmi les gîtes possibles que leur avait proposés Robert Cook lorsqu’ils décidèrent de ne pas répondre à la convocation du STO en Allemagne. Ils s’y installèrent dans les premiers jours de mars 1943. C’est pourquoi, à l’automne, lorsque je décidais de quitter Castres, je pris contact avec Robert Cook et rejoignis ce petit groupe où se trouvait également Norbert Niebes depuis fin septembre. En décembre, Claude Laval arriva à son tour à la jasse. »
  • Hélène Rulland : « C’est en août 1942 que Gamzon est venu me parler de ces adolescentes juives étrangères. Elles avaient été transférées de Lauzé dans le Massif central à une maison dans la montagne noire, puis à Lautrec où il était dangereux de les garder. J’ai pensé au chalet de Renne que Guy de Rouville avait loué pour des camps EU, au-dessus de Vabre. J’en ai parlé à Robert Cook. Il a été d’accord. »
  • Robert Cook : « Le 8 août, les pasteurs du Consistoire de la montagne avaient leur réunion périodique au presbytère de Viane. J’étais monté par le petit train avec plusieurs de mes collègues, ne me doutant pas au départ de l’attaque du terrain de parachutage. C’est par les fenêtres du train au retour, à Lacaze, que nous avons vu les chars allemands sur la route entre nous et la rivière. Je ne me souviens plus si le pasteur Ducommun est descendu à la gare même. Il était suisse et parlait allemand ce qui lui permettait de s’interposer. Je ne sais pas si c’est ce jour-là que les allemands l’ont interpellé : “Mais qu’est-ce qu’un suisse vient faire dans ce trou ?” Tous mes collègues étaient résistants, surtout les jeunes, mais nous évitions de parler des maquis en groupe, nous attendions d’être en tête à tête. Certains, aussi, étaient des “non violents” comme le pasteur d’Espérausse dénoncé pourtant à la Gestapo. Le pasteur Mangado, de Ferrières, qui était espagnol devait aussi faire attention : il était fiché communiste à la préfecture puisqu’il s’était enfui de l’Espagne de Franco. Après Lacaze, le chef de train a fait descendre avant Vabre ceux qui préféraient ne pas rencontrer les Allemands. Je suis rentré à pied, en faisant un détour à flanc de côteaux. Quand je suis arrivé chez moi, ma femme était partie de sacher avec mes deux petites filles. »
  • Maurice Grubain : « Mes parents s’appelaient Abraham et Sarah. Ils ont confectionné des uniformes pour le maquis. Nous avions passé la ligne de démarcation en fraude. Internés dans un camp près de Limoges, libérés au bout de deux mois, nous avons gagné Castres en octobre 1942. Grâce à monsieur le pasteur Cook nous avons été hébergés au château de Sénégats par monsieur le pasteur Ducommun et son épouse. Jean-Pierre Madern et Roger Azéma étaient nos amis ainsi que les maquisards de Laroque et Lacado. »
  • Robert Cook : « Quand nous étions au bord du Rhin avec Guy de Rouville, j’ai reçu une lettre me disant : “À Vabre, il y avait des gens qui n’étaient pas d’accord avec la Résistance, il faudrait quand même les faire passer en justice, ou en tout cas leur donner une leçon.” Nous avons répondu tous les deux : “Que personne ne soit touché. Si une seule personne avait parlé, Vabre aurait été brûlé. Même si ces gens n’étaient pas d’accord avec la Résistance, ils n’ont pas trahi, ils n’ont pas parlé. La Résistance était ouverte, tout le monde la voyait, n’importe qui aurait pu trahir.” »

Sources : Amicale des maquis de Vabre, Service historique de la Défense, Ordre de la Libération, Yad Vashem, archives familiales, Insee.