Marc Schoenenberger, alias Colibri, numéro 12 au registre des maquis de Vabre. Adjoint du service administratif du CFL 10, intendant chargé du ravitaillement.
- 1923 : naissance le 28 janvier à Nancy (Meurthe-et-Moselle) dans une famille de tapissiers-décorateurs protestants.
- 1930-1940 : études primaires et secondaires aux lycées Jeanne d’Arc et Poincaré de Nancy. Passe une année en Suisse dans une École Nouvelle près de Lausanne. Très doué pour le dessin et les jeux artistiques.
- 1940 : il a 17 ans lors de l’exode, ne rentre pas en Lorraine et rejoint sa sœur aînée à Labastide-Rouairoux. Il est embauché comme dessinateur industriel par Frédéric Bourguet.
- Mai 1942 : membre du scoutisme unioniste, il participe au camp du C.P.U de Campguilhem (voir Les Armes de l’Esprit) et se lie d’amitié avec le Pasteur Robert Cook, Guy de Rouville (Pol Roux) et d’autres futurs volontaires des maquis de Vabre.
- 1942-1943 : incorporé aux Chantiers de Jeunesse dans le groupement « Jeunesse et Montagne » des Hautes-Pyrénées. Y obtient le diplôme de moniteur « Jeux et Arts ». Participe à 15 passages d’officiers français et anglais en Espagne.
- Mars 1943 : réfractaire au STO, monte à Vabre en « maquis d’attente », en même temps que quatre camarades du scoutisme et demeure activement sur place dans l’administration centrale du maquis sous son totem scout de « Colibri » ou « Colibry » qui lui sert d’identité provisoire.
- Septembre-décembre 1944 : régularisation des maquis et premier classement des archives du maquis
- Décembre 1944 : part comme volontaire au Corps Franc Bayard devenu 12ème régiment de Dragons. Nommé sergent par le Commandant Hugues (Pierre Dunoyer de Segonzac). Obtient une permission pour aller voir ses parents à la Libération de Nancy et peut retrouver ainsi sa véritable identité. Mais il restera Colibri pour tous ses camarades du scoutisme et du maquis.
- Août 1945 : démobilisation.
- Après la guerre : il épouse une jeune fille de Vabre, Marguerite Mialhe. Ils auront deux enfants. Il travaille comme dessinateur à la Société des Eaux d’Evian, puis avec Guy de Rouville à un bureau d’études à Vabre où il prendra sa retraite. Participe activement à l’Amicale des maquis de Vabre par le tri des archives et la collecte de témoignages.
- 1993 : décès le 3 septembre à Vabre.
Médaille de la Résistance.
Homologué FFI, dossier disponible sur demande.
Cité dans le livre « Le Chargeur n’a que vingt balles », dont il a été un artisan essentiel, pages 7, 15, 17, 21, 25, 51, 71, 245.
- Guy de Rouville : « Le temps travaille aujourd’hui contre nous, témoins encore vivants. Nous n’aurions pu utiliser utilement nos mémoires sans le travail obstiné et patient accompli pendant des années par notre maquisard de la première heure Marc Schoenenberger connu de nous sous son totem d’éclaireur unioniste, Colibri. Il nous a quittés récemment ayant réuni écrits, films, enregistrements, dessins, statistiques dans un ordre parfait. Colibri parlait peu de lui-même, mais grâce à lui des témoins décédés ressurgissent vivants, aujourd’hui. »
- Jean Salomon : « À Vabre, nous rencontrons tous ceux qui, avec Pol Roux, sont le cerveau et l’âme de nos maquis : le capitaine Campagne qui dirigea notre entraînement, le pasteur Cook, aussi le docteur Ambroise, Schoenenberger et tant d’autres que j’oublie de citer. Entre nous, avec tous, nous ressentons déjà cette camaraderie qui s’approfondira quand viendra le temps de l’action et qui sera notre meilleur soutien. Ici, malgré l’appréhension devant le danger, la peur même que chacun peut ressentir selon son degré de courage, personne n’a d’état d’âme : le but est clair et l’avenir sera radieux quand le pays sera libéré. Et c’est vrai qu’en ces temps-là, on chantait. »
- Guy de Rouville : « Le départ prématuré de Colibri n’a pas facilité les choses. Il avait rassemblé depuis des années de très nombreux témoignages locaux, des souvenirs filmés de nos commémorations successives, des extraits de presse et de publications. C’est une mine inépuisable pour les historiens qui s’ajoutera aux archives administratives de l’époque malheureusement trop souvent sur papier pelure et dans une période où tout n’était pas à dire. »
Sources : Amicale des maquis de Vabre, Ordre de la Libération, archives familiales, Service historique de la Défense.
L’Amicale des Maquis de Vabre lui doit tout le premier classement de ses documents d’archives, y compris photos, enregistrements de témoignages sur cassettes, statistiques, préparations d’interviews, en particulier pour l’histoire des juifs civils ou maquisards du C.F.L 10, et préparations des rassemblements d’anciens jusqu’à celui du 45ème anniversaire du maquis. Ce classement permettra, après son décès en 1993, de jeter les bases du livre de témoignages « Le Chargeur n’a que vingt balles » qui paraîtra en 1994 pour le 50ème anniversaire.
Sa famille a donné à l’Amicale tous les objets, documents personnels et dessins lui appartenant qui intéressent l’histoire du maquis et du 12ème Dragons. Certains sont visibles à l’Exposition des Maquis de Vabre (à Vabre), ou sur ce site.