Jean Raufast, numéro 30 au registre du maquis de Vabre. Mort pour la France.
- 1921 : naissance le 8 mai à Narbonne (Pyrénées-Orientales).
- 1940-1942 : étudiant à la faculté de droit de Toulouse (Haute-Garonne).
- 1942-1943 : engagé volontaire au 91ème groupe des Forces terrestres anti-aériennes.
- Août 1943 : réfractaire au STO.
- 1943-1944 : réfugié chez M. Menou à Vabre.
- 6 juin 1944 : montée au maquis de Vabre.
- 13 août 1944 : tué par les Allemands lors de l’attaque du dépôt de Vabre.
Mort pour la France.
Homologué FFI, dossier disponible sur demande.
Cité dans le livre « Le Chargeur n’a que vingt balles », pages 133, 135, 136, 210, 211.
- Rémy Nathan : « La journée du dimanche 13 août 1944 était le jour qui avait été choisi pour déménager le tailleur. Était entreposé dans ce pavillon, toiles de parachutes et tissus pour la confection des uniformes et le ravitaillement. A Vabre, si mes souvenirs sont exacts, c’était l’heure du culte. La voiture avait terminé son chargement et se préparait à faire demi-tour quand tout à coup deux ou trois blindés allemands se rendaient vers Saint-Pierre-de-Trivisy à vive allure. Les deux premiers blindés ont continué leur chemin mais le troisième a tiré immédiatement sur la voiture d’où s’échappaient des hommes. Les blindés étaient munis de canon de 20mm. La voiture a pris feu immédiatement et par la même occasion la maison où j’étais avec Espérou et son chien berger allemand. Dans la maison qui brûlait, nous avons d’un commun accord jeté une première fois un matelas afin de sauter et amortir notre chute, et puis un deuxième matelas qui a emporté dans sa chute la cheminée du menuisier qui se trouvait en contrebas. Nous avons essayé de sauter mais il y avait environ six à huit mètres et puis que faire du chien ! Nous nous sommes résignés à rester près de la fenêtre afin de pouvoir respirer. Peut-être que la peur nous a sauvés. Par les trous faits par le canon nous pouvions voir une partie de ce qu’il se passait à l’extérieur. Dans la voiture se trouvaient Lacroix, Soucasse et le plus jeune Théo. Grâce au sang-froid de celui-ci, il a gagné du temps en se laissant expliquer, grâce à sa connaissance de l’allemand, le maniement de l’automitrailleuse et je peux dire que Théo nous a vraiment sauvé la vie. Ce qui n’a pas été le cas pour Vittoz et Raufast qui étaient venus de Vabre pour nous prévenir que des blindés allaient arriver. En s’enfuyant par un raccourci qui menait à Vabre, ils ont été lâchement blessés et achevés à coup de revolver. Après l’alerte, nous avons pris nous-mêmes le raccourci et n’avons pu que constater qu’ils étaient morts pour nous. »
- René Soucasse : « Le dimanche 13 août nous descendons de Renne, Raufast, Vittoz et moi-même à Vabre voir mon ami Bovis du groupe Françoise et en même temps ramener à Renne un jambon et des saucissons et assister ensuite à la messe que devait dire le chanoine Gèze. Nous sommes présents au dépôt vers 10h30. Une traction avant noire devant le dépôt en train de charger. Raufast prend le jambon dans son sac, Vittoz les saucissons et retour sur Vabre. N’ayant pas parcouru plus de 20 mètres en direction de Vabre, un blindé et une automitrailleuse en face de nous, pris de panique nous prenons un sentier sur notre droite et montons rejoindre la route de dessus. Le blindé passe, l’automitrailleuse s’arrête et un soldat allemand nous tire dessus avec une mitraillette. Je me couche, la rafale passée je grimpe les deux mètres qui me restaient pour me laisser rouler sur la route hors de portée et c’est là que je m’aperçois que mon bras gauche a été traversé d’une balle et une grosse douleur au genou gauche. de l’autre côté de la route j’aperçois un taillis de verdure où je me cache. J’entendais deux, trois coups de canon et des coups sourds. Le ou les Allemands sont revenus auprès de Raufast et Vittoz. Les ont-ils achevés, je ne sais pas mais ce qui est sûr c’est que le jambon et les saucissons n’ont jamais été retrouvés. Après un long silence toujours caché dans un fourré, du monde tournant autour et parlant franais, je distingue une femme que j’appelle et vient vers moi, me fait un garrot au bras gauche et me laisse là, et plust tard elle revient avec d’autres personnes. Elle me sortit et me ramena à l’infirmerie, elle sera mon infirmière le temps que je passerai à Vabre. Cela est la version exacte que j’ai vécue. »
- Claude Jougla : « Ce dimanche 13 août, sitôt le repas de midi terminé, j’étais assis avec quelques camarades sur les marches de la mairie, lorsque monsieur Henri Combes, capitaine Campagne, poussant le charreton de la mairie aidé par quelques autres personnes, nous ont demandé de nous découvrir (nous portions à l’époque des bérets). C’étaient les dépouilles de nos camarades Jean Raufast et Raymond Vittoz avec lesquels nous plaisantions encore la veille. Une chapelle ardente fut dressée dans la grande salle de la mairie devant laquelle tout le village a défilé. »
Sources : Amicale des maquis de Vabre, Service historique de la Défense.