Edgar Fuchs, numéro 31 au registre des maquis de Vabre. Ouvrier mégissier. Chef des agents de liaison au maquis de Renne.
- 1920 : naissance le 2 août à Castres.
- 1941 : incorporé aux Chantiers de jeunesse.
- 9 mars 1943 : réfractaire au STO, montée au maquis de Vabre.
- Septembre 1944 : libéré de ses fonctions.
- 2008 : décès le 27 mars à Mazamet.
Homologué FFI, dossier disponible sur demande.
Cité dans le livre « Le Chargeur n’a que vingt balles », pages 18, 19, 20, 44, 61, 71, 85, 116, 157, 160
- Edgar Fuchs : « Au chantier de jeunesse nous avons eu quelques propagandes vichyssoises faites par des messieurs de la Légion des anciens combattants, mais ce n’était pas ces messieurs nous vantant les idées de Laval et du Maréchal qui changeaient nos idées de libérer le pays. Dans ma tête le choix était déjà fait. Mon père s’était sauvé d’Alsace à 15 ans. Né en 1870, le pays était occupé par les prussiens et cette occupation avait ruiné mes parents. Dès que nous avons été démobilisés nous avons cherché quelque chose à faire pour résister. Au chantier de jeunesse existait déjà un esprit de camaraderie entre chefs et jeunes. Les chefs étaient enthousiastes et beaucoup étaient d’anciens scouts ou jeunes séminaristes. Malgré le rationnement de nourriture nous avions du cœur au ventre pour travailler. Pendant que j’étais à Toulouse ce dimanche matin, j’ai demandé à mon frère d’aller jusqu’à Vabre chercher un refuge pour ne pas aller au STO. Il trouva sur le quai de la gare les deux jumeaux Cèbe avec la même idée et grâce au pasteur Robert Cook ils trouvèrent la jasse de la Courrégée. Huit jours plus tard fut organisé par Camille Canonge et le scoutisme castrais une veillée de feu de camp avec “départ routier” à Vabre. Guy de Rouville avait fait partie de l’organisation lui aussi. Devant ce feu de camp il nous a été donné ce message pour réfléchir : “Éclaireurs routiers, les camarades qui partent en Allemagne auront besoin de vous, pour aider à garder un idéal chrétien et scout. Ou bien tu préfères rester et refuser le STO, te sentir traqué et risquer des représailles pour ta famille !” Situation cornélienne. Nous avions 22 ans et passâmes la nuit de veille sur ces deux sujets. Le lendemain matin, inutile de dire que nous n’avions pu dormir. Nous prîmes le départ routier, la fourche de routier scout à la main en prenant le chemin de l’exil sur les pentes du Berlou. Nous avons regardé partir les camarades dans le train qui repartait à Castres et où les copains allaient retrouver leurs familles. »
- Edgar Fuchs : « Au début, ce fut assez dur. 9 mars 1943, il faisait encore froid le soir dans cette montagne. La jasse était en pierre sèche sans fenêtres, sauf trois meurtrières. Il ne fallait pas faire trop de feu et le moins de fumée possible. Nous avions une famille et une bouilloire, grâce à Loulou Cèbe nous avons tout de suite fait louches, fourchettes, etc… en bois. Nous construisîmes dans la jasse un coin foyer avec une lauze et un trou dans le mur. Sortis les fagots qui encombraient l’intérieur et pris contact avec les familles Espérou de la Courrégée et de la Reloc. Ils étaient charmants et nous nous sommes trouvés immédiatement en confiance et protection avec eux. Ils nous ont fourni lait, pommes de terre, œufs etc… On était sauvés. La vallée était à majorité protestante et Robert Cook connaissait bien ses paroissiens. La cache était à mi-pente d’une butte calcaire, “la crinque”, et a été un havre de paix pour nous. »
- Edgard Fuchs : « La veille de Libération de Castres, par une chaude journée, j’étais dans mon PC déjà couché vers neuf heures du soir. Tout était calme, mais déjà endormi et ayant quand même l’oreille aux aguets, j’entendis un faible déclic au standard du téléphone mais sans sonnerie. C’était François qui appelait de la gare du petit train de Castres. Communication qui n’était pas destinée à Renne. Le PC de Vabre ne répondait pas et je ne sais par quel hasard mon standard a réagi. François demandait que tous les groupes de maquis soit à huit heures aux filtres pour la reddition des troupes allemandes. Vous pensez si j’ai sauté dans mes chaussures et dévalé la pente de Renne à Vabre. Je trouvais le lieutenant Hoepffner et lui passait la consigne. Il réussit à avoir confirmation et s’occupa des consignes. Vous pensez si nous étions heureux et plein d’ardeur. Le lendemain matin avec Jacques Montsarrat nous sommes allés dès sept heures du matin dire aux gendarmes de se mettre à la disposition des FFI, brassard FFI, revolver à la ceinture. Aussitôt ils ouvrirent leur grande porte et se mirent au garde à vous devant nous en acceptant le message, ça payait nous devenions des gens importants ! Dans les rues de Castres, il n’y avait encore personne, mais je trouvais dans la rue près de la maison de mes parents, la boulangère Mme Baurès qui balayait le devant de sa porte. Je lui dis que nous allions libérer Castres, et elle m’embrassait comme si j’avais été son fils ! Cela faisait 16 mois que je n’étais pas allé à Castres. À la maison il n’y avait que ma sœur Edith qui se demandait pourquoi j’étais là et ce qu’il fallait faire. Nous nous sommes regroupés aux filtres et avons attendu la reddition allemande. »
Sources : Amicale des maquis de Vabre, Service historique de la Défense, Insee.