Henri Raketamanga, alias Rake, numéro 42 au registre du maquis de Vabre. Étudiant. Cuisinier au maquis.
- 1923 : naissance le 29 juillet à Toulouse (Haute-Garonne).
- Juillet 1943 : incorporé aux Chantiers de jeunesse.
- Décembre 1943 : réfractaire au STO, entrée en Résistance (date revendiquée).
- 1er mars 1944 : montée au maquis de Vabre (date homologuée).
- Septembre 1944 : engagé volontaire pour la durée de la guerre, incorporé au 12ème régiment de Dragons.
- 1975 : quitte le service actif dans l’armée au grade de commandant.
- 2010 : décès le 5 septembre à Carcassonne (Aude).
Médaille de la Résistance. Citation à l’ordre de l’Armée et de la Division en 1954 (Indochine). Croix du combattant volontaire de la Résistance. Médaille militaire. Ordre national du mérite.
Homologué FFI, dossier disponible sur demande.
Cité dans le livre « Le Chargeur n’a que vingt balles », pages 34, 86.
- Henri Raketamanga : « En cette fin d’octobre 1943, rejoindre le maquis n’est ni très simple, ni très évident : à 20 ans, dans l’ancienne “zone libre”, on est obligatoirement appelé aux Chantiers de jeunesse pour des travaux utilitaires, mais tous nos aînés de l’année précédente, la classe 42, ont été versés à la production industrielle (STO) et expédiés en Allemagne. La classe 43, plus méfiante, voit s’accroître le nombre d’insoumis, déserteurs, réfractaires etc… qui savent disparaître à temps. Depuis le 1er juillet 43, je porte donc l’uniforme vert des chantiers, mais insensiblement nous glissons de travaux champêtres utiles (coupe de bois en Aveyron ou vendanges dans l’Hérault) à plus orientés, comme l’ensachage de poudre d’artillerie à l’ONIA de Toulouse. Fin octobre, sans plus de précision, on nous embarque de nuit à Portet Saint-Simon, direction Tulle : et là, pas de doute, ce sont les préparatifs du départ Outre-Rhin. À tout prix, il nous faut éviter les contrôles. on vous le dira : partout et toujours, on vous demande les papiers, et quelle est votre situation, surtout si vous avez 20 ans. Nous voici déserteurs des Chantiers de jeunesse en route vers le maquis. Deux dames amies nous hébergent une nuit, on revient pour la deuxième étape gare de Matabiau et là, incroyable mais vrai comme dirait l’autre, en rentrant prudemment par le buffet de la gare pour atteindre le quai, on passe devant le général de la Porte du Theil, grand chef des chantiers, appelé le Gaulois à cause de sa moustache, qui déjeune avec trois ou quatre de ses collaborateurs. Moment d’émotion, mais il ne se doute pas que nous le quittons… jusqu’à la victoire. Car à partir de là, l’air du midi sans doute, ou la rupture irréversible, on se sent des ailes. Étape à Castelnaudary où des Italiens doivent être plus inquiets que nous (les alliés sont à Naples depuis septembre) et enfin, Carcassonne où les gendarmes sont venus ce matin même à la maison. Je quitte ma mère en larmes, et aussi mon copain Julien et direction Vabre à pied à travers la montagne noire, la vallée du Thoré entre Castres et Mazamet, Brassac enfin. Une centaine de kilomètres à vol d’oiseau, mais je ne volais pas. Une chose m’inquiète encore un peu : le pasteur Gaignaire qui m’héberge à Brassac ne me parle plus de Guy de Rouville, mais de Pol Roux et je redoute de devoir faire de nouvelles connaissances. Très vite, je comprends Pol Roux et notre commissaire de district du temps des Éclaireurs ne font qu’un : plus modestement, je resterai Henri jusqu’aux lumineuses journées de la Libération, du passage du Rhin et des bords du lac de Constance. »
Sources : Amicale des maquis de Vabre, Ordre de la Libération, Service historique de la Défense, Insee.