Dit Ollier.
- Orphelin très jeune, son père est tué à Verdun.
- 1934 – Sort de l’École des Sciences Politiques.
Adhère au « Sillon » (Marc Sangnier). Rejoint les N.E.F. (Nouvelles Equipes Françaises, berceau des futurs démocrates chrétiens). Participe à l’accueil des catholiques réfugiés tchèques et allemands. Connaît l’existence du camp de Dachau. Opposé à Munich. - 1939 – Exempté de service militaire pour raisons de santé, s’engage dans l’aviation.
- 1940 – Surpris par l’Armistice au Maroc, cherche à rejoindre Londres en avion mais échoue.
Rentre chez lui en France (Saliès, près d’ Albi). Passe 2 semaines à Vichy. - Hiver 1940-1941 – Reçoit et rencontre à Saliès, à Albi, à Réalmont : Robert d’Harcourt, Jacques Madaule, des belges, des journalistes, le nouvel archevêque d’Albi Mgr Moussaron, un anglais, une nièce du capitaine Dreyfus, Jean d’Astier de la Vigerie et sa sœur Bertrande.
Les deux d’Astier arrêtés en Mars, il doit partir pour Toulouse. Travaille avec Jean Casson (Mouvements Libérer-Fédérer). Fausses cartes, « une manière du service public ». Rencontres multiples et variées. Articles dans les journaux, à double-sens. Est cité à la B.B.C. - Novembre 1941 – Première perquisition à Saliès. Va à Soultberg chez François Reille-Soult (député démocrate-populaire du Tarn, futur organisateur des secteurs de résistance du Tarn).
- 1942 – Revient à Saliès. Reçoit (début Juillet 1942) les dirigeants de « Combat » : Hauriou, Dhont, Frenay, François de Menthon, Bertin, Chevance, Claude Bourdet, Coste, Floret, Fradin, Aubry, Peck, Teitgen…
Presse clandestine à Albi (chez Pezous, « Franc-Tireur »). Beaucoup d’amis emprisonnés (réfugiés polonais). - Automne 1942 – Épouse Diane d’Albon.
- Printemps 1943 – Mandat d’arrêt. Quitte Saliès, d’abord dans les Hautes-Pyrénées dans la propriété de sa soeur, puis à Toulouse caché chez les petites Sœurs des Pauvres.
Part pour la Suisse avec sa femme pour rejoindre Londres. Échoue. Camp de concentration en Suisse. Sa femme met au monde leur premier enfant. Rentre en France. Va à Paris.
Rencontre Rebattet (alias Cheval), le « national maquis ». Devient le secrétaire de Teitgen. Rencontre Michel Debré qui connaît par cœur la liste des futurs préfets de la Libération (pour le Tarn : Solomiac).
Cassou lui demande de regagner le Tarn pour participer au futur C.D.L. (Comité Départemental de Libération). Il prend le pseudo de Ollier. Rencontre Serge Ravanel. Chez l’abbé de Solages, rencontre Pierre Dunoyer de Segonzac.
Dans le Tarn, l’archevêque Moussaron et le Préfet Kuntz ont été arrêtés par les allemands. Ollier prend ses quartiers dans la loge du chauffeur-concierge de la Préfecture, M. Teyssier, un résistant notoire. Le nouveau Préfet reste coi…
Ollier prend le titre provisoire de chef militaire de la zone A, avec Pierre Dunoyer de Segonzac comme adjoint, puis les rôles s’inversent. Ollier deviendra Vice-Président du C.D.L. clandestin (avec Frédéric Bourguet, industriel, comme président). Sa devise (citée plus tard par Odon de St-Blanquat, son camarade au P.C. de Segonzac) : « Il faut toujours garder sa jeunesse comme témoin, comme juge, comme étoile ou comme remords ».
Avant 1939 […] Les membres de la NEF, ces nouvelles équipes françaises ont tenu dans la résistance européenne une place d’avant-garde […] La Résistance c’était alors celle des autres celle des émigrés allemands que l’on allait accueillir à la sortie des gares, celles des prélats tchèques avec lesquels Bidault cueillait des champignons dans les bois du Vexin tout en conversant en latin […]
[…]
[…] Côtoyer les rescapés des grands périls, on se serait volontiers pris pour des résistants si on avait connu le mot […] en vérité, dans les derniers mois de la paix, la Résistance a, en quelque sorte, préexisté à elle-même […]
[…]
Le Mouvement Combat avait ses informateurs dans les services de police […]. Le Conseil me fut donné de détruire ou de disposer les papiers compromettants que je détenais et de prendre du champ en attendant la décision des autorités judiciaires. C’est ce qui fut fait. Notre ami Guy de Rouville, déjà occupé à préparer dans sa montagne un terrain d’accueil pour les futurs maquis de Vabre, nous permit ce jour là de faire les déplacements nécessaires dans sa voiture à gazogène. Pendant ce temps, notre charrette était dételée sur un trottoir d’ Albi à deux pas du commissariat. Ses brancards se dressaient vers le ciel avec l’air d’implorer je ne sais quoi. Cela me valut un sursis car, à la vue de ce véhicule familier, tout le monde me crut présent dans les parages. Les policiers remirent au lendemain leur perquisition […].
[…]
[…] L’homme important de la préfecture était le chauffeur-concierge. Vieux combattant et père de soldat, M. Teyssier était des nôtres. Je m’installai sans sa loge. Des policiers venaient m’y apporter des tickets d’alimentation et me raconter leurs récentes prouesses dans les rangs du réseau Ajax. J’avais plaisir à circuler dans la voiture préfectorale sous la conduite et la seule caution du chauffeur. […]
« La Résistance sans Héroïsme » (extraits) de Charles d’Aragon, (Seuil, 1977, réédité en 2001 par les Éditions du Tricorne, Genève)