Robert Chevallier, numéro 5 au registre du maquis de Vabre. Ingénieur en travaux publics. Marié, un enfant. Lieutenant commandant la première compagnie des maquis de Vabre. Mort pour la France.
- 1905 : naissance le 7 janvier à Boulogne (Hauts-de-Seine).
- 1939-1940 : mobilisé dans un régiment d’artillerie. Promu lieutenant.
- Juillet 1944 : montée au maquis de Vabre.
- 6 août 1944 : « blessé mortellement à la tête de sa compagnie dans une embuscade » à Cambous.
Chevalier de la Légion d’honneur, croix de guerre avec palme à titre posthume.
Homologué FFI, dossier disponible sur demande.
Cité dans le livre « Le Chargeur n’a que vingt balles », pages 111, 112, 115.
- François Dariès : « Nous faisons quelques pas, un chemin étroit apparaît à notre droite et s’enfonce dans la forêt. Tout à l’heure, les Allemands se sont arrêtés devant ce chemin, c’est là qu’ils ont surpris nos trois officiers venus en mission de reconnaissance et ont tiré sur eux. Chevallier, qui a reçu une rafale de fusil mitrailleur dans le ventre. Il est là, gisant sur un lit de fougères, d’herbes et de feuillage hâtivement aménagé sur un promontoire naturel entre le chemin de montagne et la route de Lacaune. Nous nous approchons du lieutenant Chevallier. Il est immobile, les yeux à demi fermés. Nous sommes impressionnés par son imposante stature, sa haute taille et ses larges épaules. Le rictus qui contracte son visage nous montre qu’il souffre en silence, nous avons le cœur serré, nous désirerions tant alléger sa souffrance, mais hélas ! Nous en sommes impuissants. Je pense à ses proches, au chagrin que causera à sa famille sa vie tronquée dans la force de l’âge. Il aurait pu, comme tant d’autres, rester auprès des siens exercer sa profession de médecin (honorable et nécessaire), mais il a estimé que son devoir était de défendre sa patrie opprimée et de chasser l’envahisseur qui s’était imposé par la violence au mépris des droits de l’homme et de sa liberté. Nous abandonnons nos méditations pour ne penser qu’au moment présent. De gros nuages noirs, chargés d’orage, avancent vers nous. La crainte de voir les Allemands réapparaître ne s’est pas dissipée. Il faut transporter le lieutenant Chevallier le plus tôt possible sur la plateforme de la camionnette qui attend sur le bord de la route. Je saisis une hache d’incendie qui se trouve à portée de la main, j’arrache, plutôt que je ne coupe, deux arbrisseaux de 2,5 mètres de long et cinq centimètres de diamètre que nous utiliserons comme brancards. Puis nous enlevons nos chemises, mon frère et moi, enfilons les brancards dans les manches de celles-ci disposées de façon à former une civière sur laquelle nous plaçons le corps meurtri du blessé que nous transportons ensuite sur la plateforme de la camionnette. L’Anglais avait préparé et aménagé celle-ci avec une épaisse couche de paille et des matelas pour recevoir le blessé. Après avoir placé celui-ci sur la plateforme, avec tous les ménagements possibles la voiture démarre sans plus attendre, au même moment où l’orage éclate, et se dirige vers la clinique la plus sûre et la mieux spécialisée sous une pluie battante Le lendemain, nous apprenions avec la plus grande tristesse que le lieutenant Chevallier avait exhalé son dernier souffle de vie. Il trouvera auprès du Seigneur la place qu’il mérite : celle des Braves. »
- Guy Gaultier : « Mon premier souvenir de combat est celui au cours duquel le lieutenant Chevallier fut mortellement blessé. Après l’engagement, relativement bref, c’est moi qui me suis porté près de lui pour tenter de lui mettre un pansement avant son évacuation. Pas de traces de sang, pas de blessures apparentes. (…) Pour Chevallier, la balle n’est pas sortie. J’ai eu du mal à découvrir la blessure, presque refermée, au niveau de la ceinture, mais quels dégâts avait-elle fait à l’intérieur, dans la région du cœur et au-dessus, vers l’épaule gauche. Il n’a pas repris connaissance. »
- Hôpital de Lacaune : « Dernières paroles du lieutenant Chevallier. “Je n’ai plus qu’un souffle de vie, mais laissez moi lutter.”
- Jean-Emile Hirsch : « Le lieutenant Chevallier grièvement atteint au ventre devait succomber quelques heures plus tard. C’était une magnifique figure de chef et nous fûmes d’autant plus affligés de sa mort que nous avions pu apprécier ses qualités et sa bonté lors des quelques jours de stage qu’il avait passés à Laroque. »
Sources : Amicale des maquis de Vabre, Service historique de la Défense.