Jean-Marie Domenach, alias Bandieu, numéro 82 au registre des maquis de Vabre. Étudiant.
- 1922 : naissance le 13 février à Lyon (Rhône).
- 1941 : co-fonde le journal “Les Cahiers de la Jeunesse”.
- Décembre 1942 : constitution d’un groupe résistant à la Faculté de Lyon. “L’action de ce comité a été très efficace et l’un des points de départ de la Résistance universitaire lyonnaise”. Intègre l’École des cadres d’Uriage juste avant sa suppression.
- Juin 1944 : montée au maquis de Vabre.
- Octobre 1944 : mariage avec Nicole Flory.
- Fin 1944 : dirige “Aux Armes”, revue des Forces françaises de l’Intérieur.
- 1946-1976 : secrétaire puis directeur de la revue Esprit.
- 1960 : signataire du “Manifeste des 121”, notamment contre la torture en Algérie.
- 1971 : co-dirige le Groupe d’information sur les prisons avec Pierre Vidal-Naquet et Michel Foucault.
- 1980-1987 : professeur d’Humanités et de sciences sociales à Polytechnique.
- 1997 : décès le 5 juillet à Paris.
Médaille de la Résistance.
Cité dans le livre “De la chouette au merle blanc”, pages 53, 70, 74, 77, 93, 99, 110, 133, 141, 158, 163, 166.
- Guy de Rouville : “Nous avions aussi besoin d’un chef pour notre zone A, l’une des cinq créées dans le Tarn. J’avais pensé au chef de l’Ecole des cadres d’Uriage : Pierre Dunoyer de Segonzac qui avait une aura exceptionnelle. Nous avions fait sa connaissance en 1942 au mariage d’une cousine de mon épouse avec le capitaine Hoepffner, et j’avais eu plusieurs fois l’occasion de participer à des rencontres à Uriage, une fois même avec des jeunes de l’usine. Lui-même était venu nous voir à Vabre et en particulier début 1944 à son retour d’Alger. Persuadé, comme nous tous, que le débarquement se produirait en 1944, il cherchait un point de chute et trouvait nos projets intéressants et sérieux. C’est pourquoi une partie de son équipe était à Vabre début juin, et nous les avions logés à Pratlong pour organiser, comme à Uriage, des veillées dirigées, dans les maquis en création. Beuve-Méry, futur directeur du Monde, Gadoffre et Domenach étaient parmi eux, ainsi qu’Hoepffner l’un des adjoints militaires.”
- Jean-Marie Domenach : “J’étais déguisé en clandestin, avec costume civil et chapeau mou pour me vieillir. La terreur régnait à Lyon, Grenoble et Paris. À l’arrivée du petit train Castres-Vabre, les gendarmes nous attendaient. Je me fis tout petit, mais ils étaient là pour nous accueillir? Nous montâmes alors au Séminaire de Pratlong pour retrouver Beuve-Méry et reprendre les activités des Équipes volantes d’Uriage (elle étaient formées de trois personnes qui allaient dans le Vercors et les Alpes donner des séances d’instruction militaire et intellectuelle aux maquisards). Elles étaient sous la responsabilité de Gadoffre et Beuve-Méry.”
- Jean-Marie Domenach : “Mais les opérations commençaient. Je fus bientôt incorporé à Campsoleil, comme simple soldat dans la première section de la première compagnie, si je me rappelle bien, tandis que ma fiancée était affectée au PC du Vintrou. Le Vieux chef, qui avait un faible pour l’ancienne monarchie, la baptisa “l’infante”. Journées lumineuses, nuits douces, durant lesquelles on allait parfois attendre les parachutages, mais que les lampes de balisage et les bazookas étaient lourds à porter ! Le 15 août au matin, arrivèrent à Campsoleil les deux aumôniers, le père Gèze et un pasteur protestant dont j’ai oublié le nom. Ils nous exhortèrent à nous conduire en braves soldats, honnêtes et généreux. C’était la première fois que je voyais, côte à côte, un prêtre et un pasteur, et j’en fus impressionné.”
- Jean-Marie Domenach : “Des souvenirs ? À Vabre, de la terrasse qui domine la vallée, je causais avec le chef de l’équipe des saboteurs. On entendait gronder une colonne de chars allemands qui paraissait monter dans notre direction. Je lui dis : “Il vaudrait mieux s’en aller.” Il me répond en mordant son sandwich : “Moi, quand je les vois arriver, ça me donne faim.” Toujours les mots historiques !”
- Jean-Marie Domenach : “Brève épopée. Minuscule histoire dans la grande. Mais nous avions vaincu et survécu, grâce à des chefs qui ne s’étaient pas laissé entraîner par la gloriole et l’aventurisme qui ont coûté cher à tant de maquis. Chaque année en août, dans les champs calmes où ne ronflent plus que les moteurs de tracteurs, je pense aux camarades qui sont tombés parmi les sauterelles et à cet été fraternel et victorieux; Une victoire suffit pour une vie.”
Sources : Amicale des maquis de Vabre, Ordre de la Libération, Maitron.